Carnet

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Chaque jour, trois phrases - parfois notes de travail, parfois journal intime -.





13 août 2025

Tout le monde essaie de te faire faire demi-tour, mais tu n'obéis pas, et tu poursuis ta route.

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Tu es paraît-il un tissu vivant, joli qualificatif, pourtant bien insuffisant pour te définir.

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Et ton vélo, grâce auquel tu peux aller et venir le long du rivage, avec vue sur ce bras de mer, au seuil de l'océan.

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12 août 2025

Même sans te retourner, tu vois ton épopée, le drame et le miracle mêlés.

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Le problème avec toi, c'est que tu ne veux vivre que dans le futur.

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Tu es vivant, et pourtant tu marches chaque jour avec tes morts.

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11 août 2025

Je lis donc je jouis, voilà le raccourci.

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Et basta, tout le reste n'existe pas.

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Il fait si chaud, que même les pins parasols semblent faire la sieste.

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10 août 2025

Quand les collègues ralentissent, toi tu accélères, et inversement, mais c'est peu fréquent, vois-tu, ils sont si lents.

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Ce que chacun recherche à la fin des fins, c'est bien rire, s'en payer une bonne tranche, on est quand même sur Terre pour rigoler.

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Regarde l'océan et la plage, les vagues dévorent la terre et la transforment en sable, le vivant gagne toujours sur le minéral.

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9 août 2025

La chance et l'instinct te protègent.

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Filons sur l'eau comme les longs canots à moteur des livreurs de Venise, sûrs de leur mission et de leur destination.

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Souviens-toi, l'expérience t'a prouvé que tu n'es jamais assez paranoïaque.

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8 août 2025

Normalement, tu ne devrais être qu'un pion au milieu des autres, mais en vérité tu es l'échiquier à toi tout seul.

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Ainsi dressé sur la pointe des pieds, je vois plus loin que les autres, appelez-moi la girafe.

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La société tentera sourdement de te décourager, de t'user, de t'épuiser.

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7 août 2025

En un sens, tout est déjà écrit, tu n'as qu'à lire et t'en nourrir, porter le livre à ta bouche, le mâcher et l'avaler.

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La lignée de tes aïeux a disparu aussi vite qu'un ciel de crépuscule, et aussi unique que lui.

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Parce que tu continues de marcher, c'est-à-dire de lire, chaque jour tu parcours des centaines de kilomètres.

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6 août 2025

C'est toi le lapin blanc, tu viens de te voir toi-même passer, courant ventre à terre, persuadé à tort d'être en retard.

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Mais le temps dans lequel ils vivent n'est pas le même que le tien, ils vont du passé vers le futur, et toi du futur vers le présent.

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Tu pousses la porte et tu sautes dans le vide, quelques mètres de chute et tu pénètres dans l'eau, c'est la grande liberté puisque tu sais nager.

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5 août 2025

Tu te demandes si tu ne serais pas un félin caché dans un corps humain.

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Certaines phrases percent les murailles, d'autres n'ont aucune valeur, c'est ainsi.

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Le corps rencontre le texte, et il en découle un esprit que l'on qualifiera de saint : au nom du Texte, et du Corps, et du Saint-Esprit.

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4 août 2025

Parfois, malgré tout, tu effectues une percée.

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On y va, on ne ralentit pas, on accélère le pas, il reste beaucoup de chemin à faire.

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Tu sens le déplacement secret du monde, et tu sais que tu dois l'accompagner, le précéder, le faciliter.

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3 août 2025

Ouvre les yeux, lève-toi et marche, le grand jour est enfin arrivé.

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Ils sont plus immobiles que des arbres, plus lourds que des rochers, ils ne savent pas qu'on peut se déplacer, marcher, voler, sauter dans un bolide.

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Tellement d'hommes et de femmes qui se croient vaincus, alors qu'ils ont tout obtenu.

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2 août 2025

Tu aimes fort l'air et les exercices, par exemple la marche aux Tuileries, le matin avant les touristes, en compagnie du premier soleil.

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Tes jours sont comptés, ils le sont pour chacun, mais toi tu aimes les chiffres, tu les remplaces sans cesse par des lettres.

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Personne ne te lit, personne ne te croit, mais ça ne te ralentit pas, ta vitesse est constante.

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1er août 2025

Tu n'es pas un satellite, mais plutôt une planète capricieuse, et même une comète, une ogive lumineuse et poudreuse qui traverse le ciel après le crépuscule.

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Le renégat, le bandit, le rebelle, le voyou, l'effronté, le mal élevé ? Oui, je me reconnais, c'est bien moi.

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Certains disent Cultivons notre jardin, toi tu dis Cultivons notre mauvaise réputation.

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31 juillet 2025

Réveille-toi, pose les yeux sur ta montre, il est enfin temps.

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Ton c½ur ne s'arrête jamais, tout juste quelques secondes peut-être, par à-coups, légère arythmie, accélération, ralentissement, rien de bien méchant.

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Les vagues bleues grandissent à vue d'½il, elles pourraient t'engloutir, mais puisque tu n'as pas peur, elles reculent.

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30 juillet 2025

Tu divagues allègrement, tu erres ici et là, tu fais n'importe quoi - semble-t-il -.

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Je suis prêt à aller partout, pour peu que cela m'aide à tourner sur moi-même, à perpétuer ma révolution.

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Promène tes yeux sur tout ce qui est, tous les objets, tous les lieux, tous les corps de ce monde.

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29 juillet 2025

Tellement de frayeurs puis de joies infinies, réunies dans une seule vie.

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Ton cerveau est une sphère, certes irrégulière, tout comme l'est la Terre et les autres planètes de la galaxie.

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On naît, alors il faut mourir un jour, et c'est bien malheureux.

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28 juillet 2025

Parfois, tu te vois comme une grande machine à laver, un essuie-glace capable de tout effacer.

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Comment fais-tu pour ressusciter ? tu te relis.

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Tu t'es retrouvé au milieu du grand ciel, comme si on t'avait vaporisé.

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27 juillet 2025

Les éléments naturels décident de tout, ils tolèrent seulement momentanément ta présence.

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Tout problème a sa solution, je suis la solution, la solution à tous mes problèmes.

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Le stylo-plume à encre, merveilleux petit scalpel découpant le papier en bleu sur blanc.

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26 juillet 2025

Pourtant est ton adverbe préféré du moment, il est là pour-le-temps.

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Tutto fatto a mano, tes romans sont entièrement écrits à la main.

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Les grands espaces sont vides mais ta pensée les remplit, et les montagnes, les épicéas, les gratte-ciel, les colonnes, te soutiennent.

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25 juillet 2025

C'est ici et maintenant : si tu ne jouis pas de ce que tu as au présent, tu n'auras rien d'autre, il faut faire avec.

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De plus en plus de gens ne comprennent pas ce qu'ils disent, ni même ce qu'ils font.

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Pour peu que tu l'aies rêvé une seule nuit, alors oui, tu l'as vraiment vécu, et ton corps s'en souvient pour toujours.

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24 juillet 2025

Tu ressens soudain une grande faim.

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Une sieste suivie d'un copieux repas, tel est le secret de la résurrection.

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Tu es de nouveau capable d'enjamber les fleuves les plus larges, les canyons les plus encaissés, les vallées les plus enclavées, tu redeviens un pont.

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23 juillet 2025

Certaines fois, tu te crois un poisson qu'on a sorti de l'eau et qui est privé de son élément naturel, les phrases.

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Je suis guidé par les alizés, ces vents tropicaux réguliers et doux, qui paraissent une caresse.

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Tu vois ta voie s'ouvrir loin devant toi et disparaître à travers l'horizon, heureux homme que le futur attend.

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22 juillet 2025

Les livres s'écrivent comme ils peuvent, ils se lisent heureusement bien plus aisément.

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Tu cherches le lieu qui te dira une chose que tu ne sais pas encore.

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Ce siècle est celui de la tyrannie des images, qui en tuant les phrases tueront la pensée, c'est le cinéma généralisé contre la lecture.

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21 juillet 2025

Le torrent de ton sang change soudain de nature, il devient du vin, transsubstantiation à rebours.

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Le temps semble muter, et défiler, or il se contente de gagner en netteté, de préciser sa forme.

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Et dire que tu habites la capitale mondiale du vin !

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20 juillet 2025

Apprends tout, tu oublieras au fur et à mesure, mais il t'en restera toujours des traces invisibles, on les appelle des intuitions et tu vis d'intuitions.

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Je suis une horloge, je sais donner l'heure exacte à travers les phrases.

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Heureusement que la Renaissance arrive finalement, et chaque fois au moment où on ne l'attend pas.

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19 juillet 2025

Le nombre de livres est infini, et tu l'agrandis encore toi-même.

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Les langues sont partout chez elles, siècle après siècle elles vont et viennent d'un pays à l'autre.

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Souvent, tu trouves un banc et tu te reposes un quart d'heure, sous les arbres ou au soleil, pour que tes jambes reprennent des forces.

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18 juillet 2025

Tu te baignes dans une mer de lettres, c'est vraiment singulier.

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La grande règle ? les phrases n'ont jamais de fin.

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Tu as transpercé quelque chose, tu as traversé la muraille.

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17 juillet 2025

Tu t'es projeté très loin en avant, à la façon d'un athlète dans l'épreuve de saut en longueur.

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La santé va et vient, elle va plus facilement qu'elle ne vient.

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Tu recherches le vrai, ou plutôt tu l'attrapes au vol et tu le ranges dans tes petites boîtes.

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16 juillet 2025

Parfois, la nuit, tu viens regarder le ciel s'illuminer.

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Beaucoup de chiens partout, de plus en plus de chiens dans les villes, symptôme de décadence ou d'ouverture d'esprit ? parler à son animal semble devenu naturel.

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La plupart du temps, la folie de ce monde t'enthousiasme, abrutis à tous les étages, y compris parmi les puissants.

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15 juillet 2025

Tu es une sorte d'officier de renseignement, en mission confidentielle sur un terrain hostile, un vrai agent secret au service des phrases.

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Avec une grande netteté tu distingues ta future notoriété, droit devant au centre du collimateur.

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Tes ennemis ne comprennent rien à ce que tu écris, mais cela les intéresse quand même, et tous les jours ils te lisent avec curiosité et cécité.

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14 juillet 2025

La plupart du temps, les petites lettres et toi, vous vous battez côte à côte seuls contre la terre entière.

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Comme disait le grand imprimeur Plantin : labore et constantia, travail et persévérance.

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Et tout cela, en tous temps et tous lieux, à la fin, s'arrondit et tourne sur lui-même.

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13 juillet 2025

La fin du monde ancien est l'aube du monde nouveau, n'est-ce pas.

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Finalement, l'équation sera la suivante : inutile de chercher à fuir la prison, puisque tu es déjà dehors, et que le monde t'appartient.

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L'or du sable et le bleu du ciel auront raison de tous tes tourments.

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12 juillet 2025

Ta route glisse à travers le paysage, sa large courbe fend l'horizon dans un majestueux silence.

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Tous les clergés veillent à ce que chacun reste attaché à la foi, et surtout à ce qu'il craigne le jugement du ciel.

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Les petites lettres seront toujours avec toi, elles composent ton harem.

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11 juillet 2025

Chaque jour, tu fais en sorte que tes yeux s'ouvrent pour être comme un dieu.

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Il faut bien classer, sinon on n'arrive pas à s'y retrouver, sinon on s'égare et on erre.

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Et puissent les orages passer au loin et t'épargner dans ton paradis.

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10 juillet 2025

On sous-estime la valeur de ce qu'on vit, de ce qu'on pense, de ce qu'on sait, de ce qu'on dit, de ce qu'on lit.

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Alors, le ciel pourra s'illuminer, comme si les plus vives étoiles de la voie lactée s'alignaient pour former une guirlande.

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Ce que d'autres pourront lire de toi après toi, c'est ça le plus important.

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9 juillet 2025

Plus tu lis, plus tu vis, plus tu lis, plus tu grandis : quelque soit ton âge, ta croissance ne s'arrête jamais.

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Tu sauves tout ce que tu peux sauver, tu écris pour mémoire, pour que ça ne se perde pas.

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Dans ton havre secret, durant quelques jours, tu ressuscites tes os, tu te refais un squelette.

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8 juillet 2025

Ce qui se passe, c'est que je suis tombé dans l'½il du cyclone, en plein c½ur de l'ouragan.

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Le monde s'écroule sur lui-même, puis quelques années plus tard il se reconstruit tout seul.

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Tu es le berger des nuages, le dieu dans la machine, le secret du moteur.

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7 juillet 2025

Le temps qu'il me reste diminue chaque heure, c'est mathématique.

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On se dresse instinctivement contre le nihilisme rampant, car on sait que dès qu'il vous effleure, il est déjà trop tard, vous êtes en esclavage.

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De plus en plus, les fous errent en liberté, et avec la canicule les verrous fondent, les barrières sautent, toutes les digues sont soudain emportées.

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6 juillet 2025

Tu es un homme chimérique, occupé à rendre possible ce qui ne l'était pas jusqu'à toi.

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La mer, parfois, oppose au bleu du ciel un vrai vert de prairie.

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Imagine que les mots, les phrases, les idées, sont de petits gibiers que tu dois capturer, quelle drôle d'idée, et pourtant.

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5 juillet 2025

Mais oui, tu es né et tu vis dans un pays sacré, le reste du globe ne le sait pas, ou bien enrage de jalousie.

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Les heures passent et tu remontes le temps à contre-courant, il s'écoule dans un sens et toi tu cours dans l'autre sens.

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Soudain, les détails de ta vie passée sortent du sol comme des crocus violet sur la neige.

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4 juillet 2025

La lecture est muette et secrète, strictement personnelle, donc cache-toi pour lire et demeure silencieux.

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Un futur chantier archéologique, voilà comment tu vois ta vie.

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Chaque jour, tu dors, tu marches, tu ris, tu lis, et toujours dans la grâce des gestes, tu vis dans une prière profane.

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3 juillet 2025

Le sol t'attire à lui, il te force à garder les pieds sur terre, grâce soit rendue à cette vieille planète.

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Il existe dans l'Univers deux mille galaxies, cela fait beaucoup d'espace, et justement ces temps-ci tu as besoin de prendre du champ.

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Vite et bien font deux fois bien, tu ne perds pas de temps, tu étais ici, tu es déjà ailleurs.

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2 juillet 2025

Le spectacle a cédé la place au commerce, qui l'a cédé au religieux, qui l'a cédé au collectivisme, il s'agit donc d'une attaque ciblée contre toi en personnne.

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Or, concernant les rapports de force, disons que tu as une certaine expérience, tu es venu, tu as vu, tu as vaincu.

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Tu parviens à gagner à ta cause d'immenses territoires, à diffuser partout tes phrases magnétiques, à bouleverser l'Univers entier.

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1er juillet 2025

Tu n'as pas fini ta croissance, crois-moi.

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Ce que tu pourras lire et penser à travers le temps, ton cheminement et ton déploiement dans les quatre dimensions connues, voilà le futur en toi.

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Entre les volets mi-clos, tu aperçois les pierres ancestrales de la ville, couleur paille elles se détachent sur le bleu du ciel.

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NOTES :

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