
Chaque jour, trois phrases - parfois notes de travail, parfois journal intime -.
22 novembre 2025
Écris toujours à la main, les lettres ont besoin de savoir que tu les as formées toi-même.

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La page entière est vivante, elle palpite.
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Même les buis, les ifs, les charmilles, pourtant si silencieux, ont des secrets à confier, et c'est en leur nom que tu vas parler.
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21 novembre 2025
Les choses s'améliorent, tu vas plus vite, plus haut, plus loin, tu dors mieux et plus longtemps, tu comprends tout plus profondément.

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Subitement, les chaises vides sont occupées par des fantômes loufoques, de faux spectres sympathiques et hilares.
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Comment se fondre dans les phrases, dans le temps des morts puis ressuscités, dans l'espace des corps sanctifiés ?
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20 novembre 2025
Tu remontes aussi loin que tu peux pour retrouver ce que tu n'as pas voulu, pas pu, ou pas su dire, à savoir le c½ur de ce que tu es.

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Partout flotte un parfum merveilleux, mandarine et sapin, tous les Noëls du monde.
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Tu n'as même pas réalisé que tu as changé, tu crois que tu es encore le même, alors que tu es totalement différent, bien qu'identique biologiquement et juridiquement.
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19 novembre 2025
C'est le plein automne, les feuillages ont enfin lancé leur meilleur jaune à l'assaut du ciel.

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Un ami pas revu depuis trente ans te demande naïvement : "Tu écris toujours ?" Oui, il y a tellement à voir et raconter, on n'a jamais fini.
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Tout va à vau-l'eau, écarte-toi du grand mouvement global, évite les sables mouvants, ouvre ta propre route au milieu du chaos.
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18 novembre 2025
Qu'attends-tu du monde ? rien, car c'est le monde qui attend quelque chose de toi, mais pour l'instant il ne le sait pas.

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Mes plus grands fous-rires, je les ai toujours eu avec des femmes.
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Tu veux produire un décalque de ton époque, pour pouvoir en garder le seul positif, si jamais c'est possible.
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17 novembre 2025
La mémoire de chaque vivant entretient celle des morts, ils ne bougent pas, ils sont encore là, ils se tiennent quelque part, actifs et heureux.

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Ta boîte à secrets, tu dois l'alimenter, quitte à les déterrer, les ramener de très loin, ou les emprunter à autrui.
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Dans certains pays, dans certaines villes, l'existence ressemble à un bonbon permanent.
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16 novembre 2025
C'est quand tout semble calme que la tempête se prépare, on ne se méfie jamais assez de l'eau qui paraît dormir.

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Les histoires bouleversent les c½urs et changent le monde, ça a toujours été, et heureusement.
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Ce n'est pas ta faute si le ressort de ta vie est un moteur à explosions.
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15 novembre 2025
Chaque matin c'est le grand soir, le fameux départ, l'instant d'avant la résurrection des morts.

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Si tu étais plus riche, tes jouets seraient des voiliers, tu les collectionnerais.
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Parler différemment ou disparaître, tu n'as pas le choix, c'est ça ou le trépas.
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14 novembre 2025
1, 2, 3, et cetera, jamais on ne t'arrêtera.

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Mon second nom est paratonnerre, j'absorbe le feu céleste, puis je change cette foudre en désarmantes guirlandes de mots.
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Toi, tu sais quoi écrire, encore faut-il qu'il reste dans ce monde des yeux pour écouter tes phrases.
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13 novembre 2025
Tu vois un léopard bleu à tâches blanches sortir des nuages et bondir vers toi, un cauchemar et un rêve magnifique.

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Il te reste une kyrielle de romans à écrire, des livres que tu aurais déjà dû donner à lire puisque tu les as imaginés, mais l'ardeur t'a jusqu'ici manqué.
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Souviens-toi de tous ces songes que tu as faits, et qui ne se sont révélés tels qu'au réveil.
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12 novembre 2025
Chaque matin, chaque soir, tu es le premier, tu es le dernier, à guetter le soleil au bord de l'horizon.

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De quoi as-tu peur ? du manque d'argent, de temps, de lumière, de fous-rires, de belles phrases.
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Quel bazar, il paraît qu'on va tous griller, d'abord suer, ensuite se dessécher, puis rôtir sur place, rien à faire, le climat a tranché, le thermostat est cassé.
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11 novembre 2025
Les bons jours, tu découpes un soupirail dans l'épaisseur des murs, assez grand pour pouvoir t'y glisser.

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Ni vu ni connu, perdu, disparu, oublié, envolé sans un bruit.
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Oui, tu as arrêté le soleil pendant une minute, mais chut, il faudra garder ça secret.
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10 novembre 2025
La chance et la persévérance, c'est sans doute le secret, avancer et croire en la faveur du hasard.

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Le futur a des cadeaux pour toi, hors de question de les rater.
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Que sont tes amis devenus ? le vent les a emportés pendant que tu regardais ailleurs, et tu n'as rien pu faire.
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9 novembre 2025
Le jour où elles te sont nécessaires, tu trouves des forces que tu ne soupçonnais pas.

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Tes livres sont aussi des vaccins.
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Tu conserves précieusement les dates de ta vie et de la vie de ceux qui te sont chers, c'est ton code d'immortalité.
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8 novembre 2025
Quand ton esprit s'égare, souviens-toi de ramener tes pensées à ce que tu fais et tu es, ramène-les à toi.

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Fichu monde tordu, incohérent, énigmatique, successivement infernal ou paradisiaque selon l'endroit ou l'heure.
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Rire ou pleurer c'est un peu pareil, souvent tu pleures de rire, parfois même l'inverse.
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7 novembre 2025
Comment te définir ? tu es brillant, inaltérable, et très ductile, c'est-à-dire que tu peux t'étirer sans te rompre.

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Amis lecteurs, voici que j'établis une alliance avec vous, et avec vos descendants après vous.
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Étrange nuit, qui n'est jamais obscure, abyssale ou inquiétante, mais plutôt éblouissante, extatique, enchanteresse.
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6 novembre 2025
Lire te soigne, régénère tes cellules et renforce ton immunité.

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Le sommeil est un grand magicien, en quelques instants seulement il écarte le brouillard ou l'obscurité, il rouvre l'horizon.
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Tu sens bien que tu fatigues, non par l'esprit, mais par le corps, qu'il faudrait que tu ralentisses un peu, mais évidemment tu n'as pas le droit.
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5 novembre 2025
À chaque époque son thermomètre, et aujourd'hui c'est toi, plongé dans un nouveau fleuve, où aucun ne s'est encore baigné.

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L'endroit où tu te trouves, ton chemin ombragé, et la trace de tes pas, méritent certainement qu'on s'y penche un instant.
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Décidément, pensent-ils de toi, quel perdant ! il était fait pour réussir, et il a tout gâché en écrivant des romans trop courts, trop bizarres, trop intimes.
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4 novembre 2025
La nuée et le feu te guident, et ça marche, les choses vont mieux, ton sort s'améliore.

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Lire un roman, c'est trouver la vérité parce que, pour l'écrire, l'auteur a su mentir.
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Seulement le souffle du vent et le bruissement du palmier, le ciel et toi, et personne d'autre, la parfaite solitude qui te guérit de tout.
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3 novembre 2025
Le péril tourne autour de toi, mais ne t'atteint pas, voilà.

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À chaque problème sa solution, à chaque instant sa révélation.
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Tout passe, le monde se métamorphose, rien ne dure sous le ciel, et pourtant par ta constance tu demeures.
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2 novembre 2025
Le Temps dévore tout, même la pierre, seules les phrases lui résistent.

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Tu parviens à t'en sortir par miracle, tu restes à la surface, tu flottes et tu ne coules pas.
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Je ne peux pas croire qu'un jour je serai mort, et pour cause, puisque je ne mourrai jamais.
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1er novembre 2025
N'importe qui doit pouvoir utiliser ces lignes comme un très simple, très seyant, très efficace, et très doux moulin à prières.

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C'est toi l'auteur de l'histoire, tu as choisi la fin et tout se termine bien.
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Sous les phrases écrites, tu retrouves celles que tu voulais lire.
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NOTES :
- Le Carnet existe depuis 2007.
- La partie 2007-2020 du Carnet, jadis hébergée sur un blog de
Gandi.net et disparue d'Internet, est en cours d'archivage pour être
remise en ligne ici.
- Des phrases du carnet, soudées les unes aux autres, ont composé le texte du poème Le seul fou (Ed. Allia, 2024).