26/12/2008
Les livres sont des usines un peu
bizarres, personne ne sait ce qu'elles servent à fabriquer.
*
L'urgence force la main à écrire plus
juste, les mots organisent leur propre préséance pour économiser le
temps.
*
Qui m'attaque me renforce et se perd,
Voltaire le dit, tous les chinois confirment.
*
25/12/2008
J'ai plusieurs vies, dans plusieurs
corps, parallèlement, mais avec un seul nom et prénom.
*
Reprochez-moi tout ce que vous voudrez,
je m'en moque : les mots sont mes alliés et ils me défendront toujours.
*
Il faudrait écrire un petit éloge de la
stratégie défensive.
*
24/12/2008
Mon manteau, c'est l'univers.
*
Les autres font ce qu'ils peuvent avec
vous-même, vous les intriguez, vous n'êtes pas simple à gérer.
*
Je te salue, bel océan. En frère.
*
23/12/2008
Envoyez-moi, envoyez-moi la lumière,
tout m'intéresse, le moindre rayon m'enrichit.
*
Des hommes et des femmes qui racontent
la façon dont dans le passé ils envisageaient leur avenir; on les
appelle des écrivains.
*
Dorénavant, je bois le monde sans
reprendre ma respiration.
*
22/12/2008
Je veux me raccrocher à la réalité, je cherche la poignée.
*
Parfois,
je ne parviens plus à me tenir sur le plancher, les lattes du parquet
s'écartent et s'éloignent les unes des autres, et je m'enfonce en lui
comme s'il était une mer.
*
Je ne suis pas en vie, je suis en
vacances.
*
21/12/2008
Il faut saisir en une seule fois tous
les fils de la pensée et les serrer dans son poing le temps que la
tension s'exerce.
*
Toujours cette tentation délicieuse de
rester absent à soi-même.
*
Je suis à nouveau la pierre lancée par
la fronde, mais maintenant je sais qui tient la fronde.
*
20/12/2008
Comme pour Shéhérazade : si vous ne
racontez plus, on vous tue.
*
Lorsque je saurai tout faire dans la
vie, je m'en irai. Or, j'apprends vite.
*
Toutes
les phrases que j'ai écrites ont un visage et elles sont mes amies,
elles me reconnaissent et me sourient, et peu importe ce que les gens
pensent.
*
19/12/2008
Quand je regarde ma bibliothèque, quand
j'ouvre ma
Pléiade, j'ai l'impression que presque rien n'a encore été dit. Tout
reste à écrire.
*
Chaque fois que je parviens à tenir la
fatigue à
distance, je peux raconter, et empiler, et ajouter, et augmenter les
dimensions du monde.
*
On me lit mal, seulement l'écume, jamais
de questions sur la taille et la nature.
*
18/12/2008
Je ne suis qu'un écrivain, je ne suis
qu'un récipient : un simple vase qui se remplira de ce qu'on y versera.
*
L'éventail des rêves, tous les coloris
et tous les parfums, vous choisissez votre assortiment au moment du
coucher.
*
Ceux qui vivent chez eux avec les volets
tout le temps fermés.
*
17/12/2008
L'écriture de littérature n'est pas une
pratique
saine, on pourrait même dire qu'elle est inhumaine. Mais elle est en
moi comme le coeur à l'intérieur du corps, non séparable.
*
Dorénavant je note chaque jour ce que je
vois, je me fais des silos.
*
Je ne sais pas si j'aurai assez de temps
pour tout dire.
*
16/12/2008
Je voudrais pouvoir regarder la vie en
transparence
de la Bible, et que ce texte soit une fenêtre ouverte sur
l'intérieur de mon corps.
*
Parfois je retrouve des souvenirs
bizarres que je sais m'appartenir, et j'ai presque mal.
*
L'immense soulagement que procure
l'achèvement de l'écriture d'un livre.
*
15/12/2008
Faire durer la félicité : c'est mon
unique but dans la vie, et plus je vieillis plus je deviens doué.
*
La
société a pour fonction de vous emprisonner ou de vous broyer, et mis à
part la littérature, on connaît peu de protections absolues.
*
La photo, elle n'est pas rentrée toute
seule dans l'appareil : c'est moi qui ai pris la décision de la
capturer.
*
14/12/2008
Je suis déjà décédé, je suis un mort qui
a le droit de marcher entre les vivants.
*
La saint taoïste a un corps qui se
déplace si rapidement que tout le monde le croit immobile.
*
Je ne me dois rien.
*
13/12/2008
Les mots ne sont pas un problème, ils
seront toujours de mon côté.
*
Mon
train reste immobile, c'est le dehors qui se déplace, la ville qu'on
fait coulisser le long du quai, le décor de Bordeaux que l'on démonte
pour le remplacer par le décor de Paris, de Valence, ou de Marseille.
*
C'est lorsqu'une équation mathématique
est impossible à résoudre que je trouve
la solution, que j'invente l'objet qui rendra réel l'impossible.
*
12/12/2008
Tout ce que cela implique, d'être le
fils de Franz Kafka.
*
C'est mon Everest à moi, mon Himalaya
personnel.
*
À la naissance des choses, on ne devine
jamais qu'elles deviendront importantes; c'est le temps qui impose sa
vérité.
*
11/12/2008
C'est au milieu des gravats qu'on fait
les plus grandes découvertes.
*
La seule chose valeureuse que j'ai faite
dans ma vie, c'est d'écrire.
*
Je me revois sans cesse dans des trains,
volant vers celle qui va me sauver.
*
10/12/2008
Je suis intimement persuadé depuis tout
petit que le monde est placé sous mes ordres.
*
On n'oublie jamais rien, et il faut
revenir sans cesse sur soi, car la vérité se cache dans la mémoire.
*
J'étais encerclé depuis vingt ans par un
mur blanc et soudainement le brouillard s'est levé, la vallée verte
était là devant moi.
*
09/12/2008
Je la place sous la protection de mes
mots.
*
Une ville où les taxis n'ont pas de
roues mais une coque et une hélice.
*
Je disparais à l'intérieur du monochrome
turquoise,
dans un ciel parfait, un ciel sans couture, qui me remplit comme si
j'avais bu la petite bouteille d'encre bleue.
*
08/12/2008
Il faut savoir
laisser sur place tous les mauvais moments.
*
Un jour, un
sifflement m'a réveillé, sorti de nulle part, entendu de moi seul.
*
Celles et ceux qui
savent écrire dans le ciel, les grand écrivains du passé, du futur.
*
07/12/2008
Personne ne voit ce
que je vois lorsque je la regarde. Sauf elle.
*
Je
suis comme l'eau, insaisissable; vous croyez me saisir mais vous
saisissez autre chose, et encore autre chose, et toujours quelque chose
de nouveau.
*
Mon royaume n'est pas
de ce monde, comme on disait jadis.
*
06/12/2008
J'ai tellement bougé
depuis un an
que je pense que je ne suis plus la même personne, que j'ai changé de
corps et presque changé de nom, que l'on m'a remplacé par un autre.
*
J'ai été substitué.
*
Imaginez
l'Everest, et imaginez que sur un des versants se cache un ascenseur,
et que vous avez trouvé son emplacement, la façon d'y entrer et celle
de l'actionner, et vous montez, vous montez vers le ciel plus
rapidement qu'un cheval au galop.
*
05/12/2008
Mes propres pensées
sont un écheveau indémêlable duquel je n'espère rien tirer, mais il est
beau à voir.
*
Vous avez soudain la
sensation bizarre de vivre une vie qui n'est pas votre vie.
*
Je souffre de cécité
sur mon passé.
*
04/12/2008
J'ai atteint la masse
critique, je
suis dorénavant une véritable planète et tout ce qui m'arrive, positif
ou négatif, accroît mes dimensions.
*
B.a.-ba du judo :
l'aversaire, si je ne sais pas le déplacer, je ne saurai pas le faire
tomber.
*
Nos quatre poumons
échangent leur air directement.
*
03/12/2008
On ne construit pas
sa vie comme un immeuble, on construit
sa vie sans plan : une cloison par-ci, une fenêtre par-là, des
portes,
des escaliers, des étages, on empile comme on peut; et pas de fil à
plomb, sauf le rire.
*
Si je ne le fais pas, personne ne le fera, personne ne l'écrira.
*
Je prends sur moi tous les reproches, j'ai l'habitude.
*
02/12/2008
Certaines personnes, il y a longtemps, ont muré mes fenêtres.
*
Je suis désolé, mais vous avez perdu à la grande loterie de la vie.
*
Si vous savez écrire, vous aurez droit à quatre vies de rechange.
*
01/12/2008
Vous n'avez pas idée de la taille des mécanismes cachés derrière les
apparences.
*
Tu captures les phrases en plein vol; elles te cernaient comme le
ballet nocturne des chauves-souris.
*
Je me retourne et je ne reconnais plus le chemin que j'ai suivi.
*
30/11/2008
Le centre du o, qui se réduisait progressivement, jusqu'à
m'étouffer en son sein. Cauchemars, des nuits durant et des années
durant.
*
Rien de plus obscur que le futur, on jurerait qu'il n'existe pas.
*
Pour être parfaitement sûr, je compte les battements de mon coeur.
*
29/11/2008
Par la répétition de son geste, le sage va vaincre tous les obstacles.
*
Nous écrivons parce que personne d'autre ne raconte ces choses-là.
*
Dans la nature, les vrais cercles sont si rares.
*
28/11/2008
Nous sommes les dernières fenêtres allumées du soir.
*
Au milieu de ma vie, j'ai été prélavé, lavé, essoré, relavé et à
nouveau essoré.
*
À présent, je suis pendu au fil à linge, sous le vent et le soleil, et
je sèche patiemment.
*
Le
caillou transparent : sombre et compact quand il est posé sur la table,
mais si vous le placez entre votre oeil et le ciel, vous découvrez
qu'il cache des veines et qu'il se laisse traverser par la lumière.
*
27/11/2008
Tout le monde peut voir à l'intérieur de ma tête.
*
Tu
comptes et tu recomptes et tu recomptes encore les lettres, puis tu les
disposes dans le bon ordre à l'intérieur de ton livre.
*
Je marche sans peur au milieu des tornades, j'ai enfilé mes chaussures
de plomb.
*
26/11/2008
Qui saura expliquer les chemins obscurs du destin ?
*
J'ai perdu le contact avec la réalité depuis longtemps déjà.
*
Avec elle à mes côtés, j'écris mieux et plus vite, je deviens un corps
à deux têtes.
*
25/11/2008
Les jours sombres, tu peux soulever le ciel à mains nues comme si
c'était un plafond.
*
J'ai été entouré jusqu'à l'étouffement par trois mille corps de papier,
des éventails de feuilles reliées entre elles.
*
Ceux qui ont vraiment lu ne peuvent plus se taire ensuite.
*
24/11/2008
C'est moi le rocher : je brise les vagues et en retour elles m'usent
jusqu'à la mort, sable, poussière.
*
Les phrases n'ont pas de deuxième chance, celles qui n'ont pas été
écrites restent mortes-nées.
*
Ton corps est devenu une passoire, ta peau un tamis pour la succession
des secondes, pluie drue des événements.
*
23/11/2008
Je possède une multitude de bras et même une multitude de
corps. Le secret est de ne jamais les laisser apparaître en même temps.
*
Tu
gravis des marches sans jamais te reposer, jour et nuit, même pendant
ton sommeil, aller toujours plus haut; seule la mort t'arrêtera (si
elle y parvient).
*
Je cherchais un trésor, voilà pourquoi je creusais.
*
22/11/2008
Il la mérite, elle le mérite.
*
Un jour, j'aurai atteint la sagesse : je n'aurai plus peur de rien.
*
Ajouter des carrés aux carrés, attirer les carrés présents dans des
carrés plus grands.
*
21/11/2008
Je vais là où il n'y a aucune route, c'est moi qui la percerai
dans le paysage, je vais descendre la fermeture-éclair.
*
Un océan si noir qu'il peut soutenir le poids d'un corps.
*
Mes livres sont des portraits, j'ai dessiné le prochain à la
surface d'un miroir.
*
20/11/2008
J'aimerais avoir un corps montable et démontable, et que ce soit simple
comme un jeu de briques.
*
Tu t'enfonces dans la nuit, tu disparais dans le ciel.
*
Il
faut que j'écrive davantage, que je me verse sans relâche sur la page,
que j'exploite jusqu'à l'épuisement le filon de ma mine.
*
19/11/2008
Dormir, écrire : deux lieux où je suis sûr d'être heureux.
*
Convertir sa propre vie en livres dont il émanera une lumière
insoutenable.
*
Personne ne sait ce que je pense.
*
18/11/2008
Je suis si épuisé au moment de m'endormir, que je crois être
en pièces, et que les milliers de morceaux de moi jonchent le sol sur
des kilomètres.
*
Votre vie prend peu à peu une forme imprévisible.
*
Tu voudrais être pour elle un homme encore plus rassurant qu'une vallée
couverte de sapins.
*
17/11/2008
J'appartiens à mon imagination.
*
Le souvenir de contrées qui n'ont pas de frontières.
*
Sans cesse remonter sur le plongeoir pour fendre à nouveau les eaux.
*
16/11/2008
J'ai deux coeurs dans mon corps.
*
Parfois, j'imagine que les églises ont été construites à ma
gloire.
*
Tu sautes les montagnes à pieds joints pour retrouver plus vite celle
qui t'attend là-bas.
*
15/11/2008
Tout ce que je lis, un jour je finis par l'oublier. Mais ce que
j'écris, jamais.
*
Nous
lançons nos lignes à l'aveugle dans les eaux agitées; parfois nous
apercevons les poissons étincelants et rapides comme l'éclair glisser
dans le courant.
*
Devenir le chef de l'armée des singes, légende de l'Inde.
*
14/11/2008
J'ai réussi des choses impossibles parce que je les croyais banales.
*
Certains jours, je marche dans les rues sans savoir où je
vais, j'avance la tête ôtée, j'avance décapité.
*
Continue droit devant, tu verras bien à quel moment ton navire prendra
l'eau.
*
13/11/2008
Le jour où j'ai commencé à apprendre à nager — j'avais huit
ans —, j'ai pensé que je devenais un dieu.
*
Le héros est terrassé par une douce fatigue.
*
J'avance dans ma vie avec une canne blanche, je ne vois rien, je ne
vois absolument rien.
*
12/11/2008
J'ai toujours peur de me retrouver prisonnier, alors j'ai ma propre
prison portative de laquelle je peux sortir quand je veux.
*
Écrire la vie d'une personne, c'est la rendre instantanément éternelle.
*
Je est un autre, je est une surprise, et je pense donc je suis (une
surprise).
*
11/11/2008
Une foule de locataires en grande colère s'agitait à l'intérieur de mon
crâne.
*
Tu seras couronné Roi par toi-même en la seule présence de toi-même.
*
Nous montons sur le pont, le bateau lève l'ancre, il quitte le
mouillage, et notre voyage sur les mers commence.
*
10/11/2008
Il te suffit de dénouer les fils emmêlés de ta mémoire et des dizaines
de livres sidérants s'écriront en quelques mois.
*
Elle saisit ma main et tire mon bras, et me hisse sur le petit muret à
côté d'elle.
*
Bordeaux est la ville sainte. Venise aussi est la ville sainte. Les
quitter pour mieux les retrouver.
*
09/11/2008
J'ai beau essayer de freiner, tenter de reculer, je sais
qu'un jour j'écrirai les choses interdites, les choses secrètes, celles
qui jouent avec la vie des gens.
*
Chaque nuit je rêvais que j'étais le fils de Dieu et je bénissais des
croyants en leur posant la main sur le front.
*
Les fous sont un peu ma famille.
*
08/11/2008
Mon ami l'alphabet.
*
Pendant que nous dormons, des trains à grande vitesse foncent au coeur
de la nuit.
*
Elle absorbe la vie et la restitue au centuple, elle est mon éponge
bleue.
*
07/11/2008
Je vois bien que chaque jour la mer s'ouvre devant nous.
*
Le paradis, seul lieu assez vaste pour accueillir tous ceux qui
souhaitent y être.
*
Je
n'ai aucune mémoire de moi-même, aucune suite dans les idées : je pense
noir pendant une heure et blanc les soixante minutes suivantes.
*
06/11/2008
Tu gravis des montagnes chaque jour plus élevées.
*
Les livres que j'ai écrits prolifèrent encore en moi comme des cellules
vivantes.
*
Réveillons-nous, les morts !
*
05/11/2008
Je voyais la réalité s'éloigner de moi plus vite qu'une pierre lâchée
au-dessus du vide.
*
L'émotion indescriptible de celui qui sent son corps se transformer :
solitude du mutant.
*
Obama au plus haut des cieux.
*
04/11/2008
Obligé de se battre chaque seconde.
*
Ton nouveau corps contient des morceaux d'anciens corps.
*
Mon avenir m'aveugle.
*
03/11/2008
Le robinet des mots s'ouvre et se ferme mystérieusement.
*
J'ai une fonction : retranscrire mes souvenirs.
*
Nous dirons adieu aux nôtres.
*
02/11/2008
Un soir je m'endors et au matin je suis mort.
*
La vie n'a aucun sens, inutile de chercher une logique à l'ensemble du
récit.
*
Ouvrir la Terre comme un fruit mûr, peler l'orange, creuser sans cesse.
*
01/11/2008
Dix millions de portes à franchir de la naissance à la mort,
vous en ouvrez une et derrière elle il y en a toujours une
nouvelle.
*
Une porte qui ouvre sur une porte qui ouvre sur une porte qui ouvre sur
une porte, et ainsi de suite jusqu'au cimetière.
*
Mes yeux, ma bouche, mes oreilles, mes bras, mes jambes, et tout mon
corps, peignent la réalité, la font tomber du ciel.
*
Je suis de ceux qui grattent la terre à la recherche de diamants.
*
31/10/2008
L'heure est proche où le globe va pivoter sur son axe, le Sud sera au
Nord et toutes les couleurs permuteront.
*
Un univers dans lequel il n'y aurait que des soirs et jamais de matins,
des crépuscules mais pas une seule aube.
*
Les petites lettres tiendront debout toutes seules, elles
marcheront toutes seules, entraînant avec elles les mots, les phrases,
et les visages, les musiques, les paysages, les maisons, les rires, et
tout le reste.
*
30/10/2008
Où a-t-elle été me pêcher ? comment m'a-t-elle trouvé ?
*
Les
écrivains aiment aller marcher dans les cimetières, frapper aux portes
des tombes et s'entretenir avec leurs amis les cadavres.
*
Si vous saviez ce que je sais, vous écririez pareillement, je ne suis
qu'un pauvre recracheur.
*
29/10/2008
La règle d'or apprise auprès d'Emma : ne critique jamais tes textes,
jamais. Aie du respect pour tes livres.
*
Au pied de la paroi abrupte, tout en bas, s'étend la jungle de nos
sentiments.
*
Pas un être vivant s'est ennuyé comme moi; je me suis tellement ennuyé
pendant vingt ans, personne ne peut le concevoir.
*
28/10/2008
Je replie le rouleau de ma vie : tout ce que j'ai vécu, à présent je
l'écris.
*
Dans mon travail, le cauchemar est à venir. Aucune plainte, personne ne
m'oblige à rester écrivain, c'est mon choix.
*
Tu te faufiles entre deux feuilles à cigarettes, tu te glisses dans les
interstices du décor, enfui, envolé, dissout, évaporé.
*
27/10/2008
J'ai toujours pensé que j'étais un autre. Je ne suis donc pas une
surprise, seulement l'exploration de ce nouveau monde deviné.
*
Il ne faudrait pas me laisser l'autorisation d'écrire.
*
Mon but ? additionner le plus de mots possibles.
*
26/10/2008
Exige qu'on t'interroge.
*
Ma
mission sera de créer des planètes, de les faire tourner autour d'un
soleil, puis de les rendre hospitalières, et enfin, bien sûr, de les
peupler.
*
N'oublions jamais ces hommes et femmes qui vivent dans l'épaisseur des
murs.
*
25/10/2008
Les
maisons que j'ai habitées, tous les bâtiments dans lesquels je me suis
trouvé au moins une fois, il faudrait les détruire pierre par pierre,
les raser.
*
Lorsque le soleil et le ciel cessent de m'obéir au doigt et à l'oeil,
je ne le supporte pas.
*
Ma tente est cachée au milieu des bois, personne ne me voit.
*
24/10/2008
Le monde qui m'entoure est devenu si intense : réalité multicolore
recouverte de peinture fraîche; si je le touche, je me tâche.
*
Trouve d'abord les points, relie-les ensuite et la toile d'araignée
sera dressée.
*
Je suis un récipient vide qui ne demande qu'à être rempli, bol,
casserole, panier, brouette.
*
23/10/2008
Je possède, de naissance, un cerveau découpé en lamelles.
*
Depuis
quelques jours, les nuits sont plus claires, les étoiles du ciel plus
brillantes, comme si les ampoules de la coupole avaient été changées et
leur puissance augmentée.
*
Écrire, c'est d'abord et toujours s'observer depuis l'extérieur.
*
22/10/2008
Toutes les voix ne savent pas prononcer mon prénom.
*
Mes souvenirs sont ma seule vie.
*
Je ne sais pas si je suis un seul, ou bien deux, ou bien trois.
*
21/10/2008
Puissent mes os émettre de la lumière.
*
La
vitesse à laquelle mon corps est propulsé est inimaginable, et à chaque
instant je dois pivoter sur moi-même pour éviter les énormes blocs de
pierre éparpillés alentour.
*
Je transforme souvent des amis en ennemis et jamais des
ennemis en amis.
*
20/10/2008
Lorsque je marche à l'air libre, je progresse comme à l'intérieur d'une
chair vive qui s'écarte à mon approche et se resserre derrière moi.
*
Trois couches superposées de couleurs en millefeuilles, mais on ne
touche qu'avec les yeux.
*
Évanoui dans la barque, je dérive, et sans le savoir je voyage.
*
19/10/2008
Mon nom et mon prénom sont en train de muter. Leur visage change.
*
Si
tu te déplaces en permanence, aucun ennemi ne peut t'atteindre; l'être
invulnérable est un être qui voyage sans arrêt. Oui, déplace-toi "en
permanence".
*
Frappez peu mais frappez fort.
*
18/10/2008
J'aimerais
bien arrêter la voiture et descendre m'asseoir sur le bas-côté, mais la
pente est devenue tellement forte que je ne peux même plus freiner.
*
Quand elle marche, vous jureriez qu'elle danse.
*
Construire, détruire, construire, détruire, voilà leur occupation
favorite; alors que moi : décrire.
*
17/10/2008
J'ai
dû tout apprendre moi-même, des milliers de langues et de dialectes à
connaître pour parvenir à me tenir debout et à marcher parmi les autres.
*
Parfois
j'écris en étant persuadé que je suis déjà mort; goût de sang dans la
bouche en me relisant, sensation émouvante de froid polaire.
*
Une multitude de femmes et d'hommes marchera derrière nous.
*
16/10/2008
Elle prend peur dès qu'elle voit ses désirs s'exaucer.
*
Je dis toute la vérité, mais pas rien que la vérité; je dis la vérité
et un peu plus que la vérité.
*
Aime-moi (titre d'un prochain roman).
*
Cela fait maintenant de nombreuses années que j'avance aveuglé, sans
plus pouvoir distinguer l'horizon.
*
15/10/2008
Je suis là pour faire mon travail, peu importe ce qui se passe à
l'extérieur.
*
Joies, drames, bonnes nouvelles ou mauvaises nouvelles, vont et
viennent; alors que les mots, eux, une fois arrivés, restent.
*
Je bois un verre de vin suduiraut 83 belle année dorée, à la santé de
mon éditeur.
*
14/10/2008
Plus
j'avance en âge, plus je crois que la vie est un cadeau, un gâteau dans
lequel j'ai le droit de croquer, que la réalité a été posée là pour moi
seul, qu'elle m'est donnée en héritage.
*
Un lumière qui reste perpétuellement allumée à l'intérieur de ton
crâne, ton étoile, la lueur qui te maintient en vie.
*
Elle seule peut reconnaître entre mille le galop de mon coeur.
*
13/10/2008
Le feu marche avec moi, il brûle en moi.
*
Nous finirons tous par tomber un jour ou l'autre, fauchés par l'âge ou
par la violence des faits.
*
Un homme à une femme : "Merci de m'avoir réveillé."
*
12/10/2008
Je suis venu ici pour modifier la réalité. C'est mon objectif, et je ne
vois pas qui ou quoi pourrait m'arrêter.
*
C'est le ciel qui a peint ses yeux.
*
Je ne dévisse pas les mêmes boulons que les autres écrivains.
*
11/10/2008
Des gens viennent la nuit me parler dans mes rêves, me faire toucher du
doigt des scènes de mon passé que je croyais perdues.
*
Chaque fois que quelqu'un te donnera tort, tu te donneras raison.
*
Je sentais mon corps dévoré par tous les cris humains.
*
10/10/2008
Je veux me noyer dans son amour. Mes poumons remplis d'elle.
*
Ma circonférence s'accroît minute par minute.
*
Les montagnes ont emprisonné un lac qui donne au paysage l'apparence de
la paix.
*
09/10/2008
Les
autres écrivains ne couchent pas ensemble, ils se craignent, ils
tremblent de se toucher. Moi je n'ai pas peur, je ne tremble pas; et
elle non plus.
*
J'ai des jambes capables de sprinter lorsque ça devient nécessaire.
*
Je veux devenir propriétaire du plus vaste territoire possible, dans
l'espace, dans le temps.
*
08/10/2008
Il faudrait ouvrir une porte en plein ciel.
*
Réessaie, recommence, encore, et encore, jusqu'à ce que l'étincelle
jaillisse et mette le feu à ton être.
*
Tout arrive. Tout arrive un jour.
*
07/10/2008
Passer
chaque jour une heure à écrire le carnet, et si un jour tu oublies, le
lendemain tu as le double à faire. Seule façon de traverser la paroi,
de mettre le globe à l'envers, le retourner comme un sablier.
*
Je m'assois dans la catapulte et je tranche la corde.
*
Un
cocktail où tous et toutes ont été invités, au cours duquel je découvre
effrayé que Montaigne me regarde écrire chaque matin, que Voltaire
connaît mon visage, que Claude Simon me jalouse, que Stendhal me
respecte, que Dante m'ignore, que Kafka vient vers moi en répétant
mon nom.
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06/10/2008
Je cherchais une terre neuve.
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Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, les Hommes si.
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Nous lisons l'un dans l'autre ces livres qui ne seront jamais écrits.
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05/10/2008
Des milliers de parfums sont retenus en elle.
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Tu changes de dimension, tu passes d'un ancien monde à un nouveau, tu
enfiles une autre peau.
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Je n'ai presque plus peur, je sais que dorénavant quand on m'attaque
cela produit un bruit sourd.
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Fais-nous confiance.
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04/10/2008
Les millions de secondes les plus heureuses de ma vie, je les ai
connues en 2008.
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Ne laissons pas la plaine vide; il faut occuper le terrain.
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Je suis le passager unique d'un avion sans pilote.
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Occuper le terrain.
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03/10/2008
Fermez les yeux, comptez lentement jusqu'à trois, rouvrez-les; la vie
s'est agrandie.
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Je sais que je suis capable de léviter, et cette certitude me suffit.
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À deux, nous arrêtons le monde de temps à autres.
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02/10/2008
Personne
ne sait d'où je viens et le chemin que j'ai parcouru depuis vingt ans,
je suis un autre, je suis un deuxième qui a remplacé le premier; il y
aura un troisième et un quatrième.
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Nous sommes les deux seuls qui ne dormons pas, nos yeux ne se ferment
jamais.
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Il n'y a pas à hésiter.
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01/10/2008
L'horizon se rapproche de moi à grande vitesse, comme s'il était en
train de disparaître, comme si j'étais en train de l'avaler.
*
Une main qui avancerait sur la feuille plus vite que l'averse semant
ses gouttes sur le sol, pluie serrée des lettres.
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Je suis payé pour exaucer les voeux, c'est la vocation de tous les
écrivains.
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30/09/2008
Laisse-toi glisser avec moi dans les interstices du temps, nous
ouvrirons une parenthèse dans l'époque.
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L'histoire d'un homme simple, sur qui la foudre est tombée, et qui a
survécu.
*
Impossible
de savoir dans quelle direction va notre vie, mais l'effet déformant de
la vitesse rend le paysage magnifique et le voyage enivrant.
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29/09/2008
Parce que tu es celui qui a entendu la voix le premier.
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Je dors dans mon lit comme allongé dans une barque, les eaux me portent
où elles veulent.
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Un jour, on comprend qu'il est temps d'y aller.
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28/09/2008
Un
matin, dans vingt ans, je me réveillerai et je ne pourrai pas goûter la
lumière de l'aube d'été, car mes yeux m'auront quitté pendant
la nuit, je serai aveugle. Je n'ai pas peur.
*
Tricote-toi un ciel : tout bleu, avec des petits nuages pour faire
guépard.
*
Mes cauchemars assoiffés de sang ne viendront plus à présent, je peux
souffler, je crois que je suis sauvé.
*
27/09/2008
Je n'entends pas battre mon coeur. Finalement, je ne suis peut-être pas
un être humain.
*
Tu
prendras un immense élan, sur des centaines de mètres, sur des
kilomètres, sur des jours, sur des années, puis tu bondiras en avant,
tes jambes et tes bras trancheront l'air et tu quitteras cet univers de
poche pour un espace bien plus vaste.
*
Quand je marchais avec sa main
dans ma main, il ne pouvait rien
m'arriver, j'étais un dieu, et le plus heureux des êtres.
*
26/09/2008
Tous les êtres vivants qui m'entourent rapetissent à mesure que les
années passent.
*
Je vis uniquement pour avoir ensuite quelque chose à raconter.
*
Autoportrait d'un conducteur qui accélère dans les virages.
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Je
suis patient et méthodique, je sais que je peux remporter une victoire
jusqu'à la dernière seconde, l'instant ultime avant la nuit des temps.
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25/09/2008
Chaque matin je me réveille dans un nouveau pays.
*
Tout ce qu'elle raconte, elle le change en or, elle transmute la
réalité en légende.
*
Comment écrire les livres capables de réveiller les morts ?
*
24/09/2008
Toutes les femmes que j'ai aimées vivent encore en moi, mystérieuses
occupantes.
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Il connaît l'art de disparaître, les recettes d'invisibilité.
*
Ce corps qui est comme mon corps, une fois que je l'ai serré contre
moi,
je n'ai plus réussi ensuite à le décoller de ma peau, les
yeux bleus cheveux noirs.
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23/09/2008
Il méritait de ne pas mourir.
*
Nous
marchons à la lisière des bois, nous contournons la forêt, quand
soudain nous apercevons à notre gauche une sorte de manoir anglais
devant lequel sont garées des voitures de grand luxe.
*
Tu
cours aussi vite que tu peux, tu fuis pour sauver ta vie, et ta vitesse
augmente, tes forces décuplent, ton corps devient de plus en plus
léger, et tu te mets à rire aux éclats devant ta frayeur.
*
22/09/2008
Plus
j'avance en âge, plus je soupçonne la réalité d'être une construction
de mes mains, un ensemble de papiers pliés qui ne forment qu'une
façade, une peinture dont je suis l'auteur et dans laquelle je peux
entrer et me mouvoir.
*
Bordeaux est une drogue, les belles villes sont des drogues.
*
À seize ans je connaissais mon avenir avec exactitude (les années l'ont
prouvé).
*
Je
referai le geste cent fois, mille fois, dix mille fois s'il le faut,
jusqu'à ce qu'il soit parfait et qu'il accomplisse la délivrance, qu'il
ouvre la mer pour libérer mon peuple.
*
21/09/2008
Ta jeunesse est repartie.
*
Un
écrivain à usage privé, quelqu'un qui écrit seulement pour répondre à
ses propres questions et ne se préoccupe pas de trouver des lecteurs,
qui ne publie que pour obtenir de quoi vivre et poursuivre son enquête.
*
Certains jours, tout ce que je vis me semble incroyablement précieux,
brillant comme des meubles cirés.
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20/09/2008
Une ville dont le nom serait Guérison.
*
Remets ta vie entre ses mains.
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Je
lance mes poignées de confettis jour et nuit depuis le sommet des
gratte-ciels. Pluie de papier sur les piétons deux cents mètres plus
bas.
*
19/09/2008
Toutes les femmes descendent d'elle.
*
Quand
nous avons commencé à nous embrasser, chaque seconde qui passait je
craignais d'entendre soudain une sonnerie me criant : "C'est l'heure,
il fait jour, il faut te réveiller".
*
Qu'est-ce qu'un grand écrivain ? c'est celui qui est comme l'Univers,
dont on ne peut concevoir les limites.
*
Tu dis : c'est moi le roi des livres.
*
L'oreille posée sur sa poitrine, écouter pendant des heures battre ce
coeur devenu mon moteur.
*
18/09/2008
J'ai de moins en moins peur, maintenant la route est éclairée.
*
Nous habiterions dans des grottes souterraines et personne ne viendrait
nous déranger.
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Tu crois que tu n'avances pas, et pourtant millimètre après millimètre
tu progresses et tu es en train de réussir.
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17/09/2008
Plus je suis aimé, plus je suis seul.
*
Aller nager une fois la nuit tombée, glisser dans l'eau glacée sous un
manteau d'étoiles.
*
Un
jour, il faudra tout dire, tout écrire noir sur blanc. Ces choses-là ne
peuvent rester cachées. Pas le choix : c'est parler ou mourir. Et
mourir, il n'en est pas question.
*
16/09/2008
Le
chemin est tellement long pour arriver jusqu'ici, tellement long que
j'ai tout oublié : je n'ai plus aucun passé, je ne me souviens que de
mon nom.
*
Protège-toi des femmes comme tu te protèges du soleil.
*
Le grand livre des rêves, qui se referme chaque matin au réveil : on ne
parvient jamais à relire deux fois la même page.
*
15/09/2008
Je
ne veux pas que ma vie s'arrête, je ne veux pas que les murs restent
immobiles autour de moi; je veux que l'horloge tourne encore, et de
plus en plus vite.
*
Moi
aussi chaque jour je marche pendant des heures comme pour un
pèlerinage, mais ma destination est une ville dont je serai le roi.
*
Même la ligne d'horizon m'appartient.
*
14/09/2008
Les mots, un jour, dénoueront tout.
*
Tu trouveras la solution plus vite que tu ne l'imagines.
*
Mes occupations préférées ? écrire, marcher, dormir. Discuter, rire et
faire l'amour, également.
*
Ma mémoire connaît les réponses à toutes mes questions.
*
13/09/2008
Je ne perds jamais espoir et je dors beaucoup, dix à douze heures par
nuit.
*
Nous allons réparer ton corps.
*
Rêve
: une femme perd les clés de sa voiture, mais j'arrive et je parviens à
crocheter la portière, puis dans la boîte à gants nous
trouvons le double des clés qui nous permet de démarrer.
*
Je ne suis qu'un orgue de Barbarie, et les autres tournent la manivelle
en riant.
*
12/09/2008
Un
avion qui volerait sans limitation de durée, qui serait ravitaillé en
vol et resterait dans les airs durant un an, dix ans, trente ans. Et
dedans : nous deux.
*
Que
mon prénom et mon nom s'inscrivent en minuscules caractères au bas du
moindre mur, dans l'angle de toutes les feuilles des arbres, derrière
l'oreille des chiens, des chats, et sur une face de tous les objets
manufacturés. J'ai tatoué chaque morceau du monde, qu'on ne me dévalise
pas.
*
Je rêve d'un monde dans lequel ne vivraient que des femmes. Je serais
le seul homme.
*
11/09/2008
La vie heureuse pourrait se résumer à la littérature et au sexe : lire,
écrire, et faire l'amour.
*
Pendant ma montée, je ne quitte pas le sommet des yeux; cette montagne
m'appartient.
*
Je suis celui qu'on tue chaque semaine et qui toujours le samedi
suivant se relève.
*
10/09/2008
Je n'étais pas préparé à ça, j'étais préparé à tout sauf au torrent des
femmes.
*
Certains
jours, on ne sait même plus si le soleil qu'on aperçoit sur l'horizon
est en train de se coucher ou en train de se lever, et on doit
attendre, immobile, de longues secondes pour être enfin fixé.
*
Bon titre pour un roman dont le sujet reste à définir : La guerre a déjà commencé.
*
09/09/2008
Toutes
ces années ne sont pas mortes, le temps est capable de se dresser pour
se tenir debout. Des phrases sur les épaules les unes des autres,
vivantes échasses.
*
La muraille me suivait comme une ombre, serpentant dans mon dos.
*
L'écrivain ne sait pas tous les livres à venir qu'il contient.
*
Elle est la voix imprévue sortie de la forêt.
*
08/09/2008
Je n'ai pas peur de l'avenir : la réalité me désire.
*
L'être humain dans l'amour comme un poisson dans l'eau.
*
Décider, un matin, de ne plus parler qu'en déclamant; jusqu'à la fin de
ses jours.
*
À certaines heures, je suis le roi.
*
J'ai beaucoup de chance de t'avoir trouvée.
*
07/09/2008
Petites forêts d'opales, ouvrez-vous pour y laisser entrer ma tête, mes
bras, mon tronc, mes jambes.
*
Ce sont les phrases elles-mêmes qui nous donnent l'autorisation de les
fabriquer.
*
Suis-je le premier de milliers de corps
repêchés ?
*
Ces heures-là, volées à l'après-midi, plus tard tu les compteras comme
les plus heureuses de ta vie.
*
06/09/2008
L'usine à rêve réouvre ce soir.
*
Je
me réveille en sursaut et je pense : si je compte le nombre de mes
cheveux, je connaîtrai le nombre de jours que je vais encore vivre.
*
Le ciel m'a pris quelques jours sous son aile.
*
Je coule à pic dans un océan tiède traversé par une lumière
éblouissante qui tente de me parler.
*
05/09/2008
J'écris avec la main d'un autre.
*
Cette
histoire d'amour entre toi et la langue, entre toi et le dictionnaire,
elle ne s'arrêtera jamais, elle durera encore et encore, vous êtes
tressés, collés, soudés ensemble.
*
Prenez
un jeune adulte doué avec les mots. Privez-le de femmes pendant vingt
ans. Puis, en l'espace de six mois, offrez-lui les trois femmes de ses
rêves. Patientez deux ans. Recueillez ses textes.
*
04/09/2008
Je suis allongé et je sens que mon corps est en train de s'enfoncer
dans le sol, ma tombe se creuse en temps réel.
*
Une fatigue si grande qu'elle est au-delà de la mort.
*
Je ne suis pas très sûr, mais je crois que je n'espère plus rien de la
vie.
*
Ce ne sera pas encore cette nuit que je mourrai.
*
03/09/2008
Je referme le livre de ma vie, j'ai dit ce que j'avais à dire.
*
Quand
j'ai compris que nous étions en train de le faire, que je ne rêvais
pas, un instant j'ai pensé que le monde s'était ouvert comme une
enveloppe décachetée et que les plus grands secrets allaient m'être
révélés.
*
Si nous arrêtions d'écrire, la réalité s'écroulerait à la vitesse d'une
pierre lâchée de la plus haute tour.
*
02/09/2008
Elle a laissé en moi une marque distinctive, elle m'a tatoué, parmi
tous ses animaux elle pourra toujours me retrouver.
*
La glace qui fond se change en eau, c'est le mouvement de la vie.
*
Je ne vis pas par goût, je vis pour avoir ensuite quelque chose à
raconter.
*
Nous étions libres : nous avions quatre yeux, quatre mains et quatre
jambes, nous étions si beaux et si puissants que pas un seul habitant
de la forêt ne s'est montré, ni écureuil ni sanglier.
*
01/09/2008
Depuis ce matin, le soleil a changé de couleur, le soleil est bleu, le
soleil est vert.
*
Tous ces points sont tracés sur la feuille pour être un jour reliés
entre eux.
*
Une deuxième horloge tourne en moi, qui n'est pas à la même heure que
l'horloge extérieure.
*
31/08/2008
Mes phrases me font des choses qu'aucune femme ne sait faire.
*
Tu souris en entendant le tambourin de ta vie.
*
Tous les matins et tous les soirs, un jogging à petites foulées : trois
kilomètres de phrases cadencées.
*
30/08/2008
Dans la vraie vie, les choses se passent toujours moins bien que par
écrit.
*
Une infinie tristesse me saisit.
*
Change de vie, oublie ce que tu étais et trouve-toi une autre enveloppe
charnelle.
*
29/08/2008
Le but est toujours plus proche qu'on ne l'imagine, on allonge le doigt
et tout est là.
*
Mes ennemis sont trop peu nombreux, ce qui démotive mes alliés.
*
J'ai habité au ciel.
*
28/08/2008
Des centaines de petits corps invisibles sont sortis de mon corps et se
sont déployés en étoile à ma périphérie.
*
Ma protection est assurée par la pensée circulaire.
*
Devenir à la fois la source et la cible, comme chez les chinois.
*
27/08/2008
Glisser sans bruit par-dessus bord, puis nager jusqu'au fond et faire
disparaître son propre nom des mémoires.
*
Comme sur une voiture on peut changer le moteur, sur moi-même j'ai
changé la tête : démontage, remontage, l'affaire de quelques heures
seulement.
*
Si les morts revenaient à la vie et nous aimaient de nouveau, quel
étrange monde ce serait.
*
26/08/2008
Partout
autour de nous il y a des cratères et nous devons faire attention à ne
pas y glisser, à progresser en contournant ces petits précipices
découpés dans le sol comme des cercles parfaits.
*
Laisse les murs de la ville te parler.
*
Ces deux corps ont encore des choses à se dire, tout le livre n'a pas
été lu.
*
Des dizaines d'inconnus se dressent sur la pointe des pieds pour tenter
de regarder par-dessus notre épaule.
*
25/08/2008
J'ai un corps de location.
*
Habiter au milieu d'un immense port rempli de navires prêts à
appareiller vers les quatre points cardinaux.
*
Je ne sais plus où je vais, j'ai cassé mes lunettes.
*
24/08/2008
Je
sais beaucoup plus de choses que les seules choses que j'ai vécues, je
sais des choses qui ne m'ont jamais appartenues, qui ne me sont jamais
arrivées.
*
Celui qui meurt de solitude meurt-il libre ?
*
Prêt à sauter du dernier étage uniquement pour réussir à voler une
seconde.
*
23/08/2008
Nous
nous retrouvons après dix mille années d'absence, les deux moitiés
séparées, le moule oublié, tout ça, toutes ces histoires sont pour
nous. Les milliardaires donneraient leur empire pour vivre ce que nous
vivons là.
*
Tous les objets deviennent jaunes, lumière de bouton d'or tombée sur le
monde.
*
La petite voix qui revient du passé pour me chuchoter dans l'oreille :
"Cours, Marc, cours."
*
Impossible d'ouvrir la porte tant que l'ascenseur est en mouvement;
impossible de savoir s'il monte ou s'il descend.
*
22/08/2008
Quelque chose a bougé.
*
Je
n'ai pas toujours été celui que je suis aujourd'hui. Jadis, il
n'
y a pas si longtemps, j'étais la moitié d'un être vivant.
*
Les
pierres du torrent quittent le fond et se tiennent en suspension dans
les airs, à un mètre du sol, comme posées sur un échiquier vertical.
*
21/08/2008
J'échoue
souvent. Plus je vieillis et plus j'échoue, mais plus je vieillis plus
je tente également, et au final, sous le nombre des tentatives, ma vie,
lentement, très lentement, se remplit.
*
Ils ne savent pas ce qu'ils possèdent déjà.
*
Après des dizaines de réincarnations, la libération sera complète.
*
Embrasement du souvenir : la pluie tombant en déluge sur la place de la
Madeleine.
*
20/08/2008
Si je ne marche pas, je meurs.
*
J'aime le silence, le rire, le clavecin et le vin, l'énergie des
machines et les foules animées.
*
Ma vraie place : qui m'aime doit me laisser à ma vraie place.
*
A la fin des temps, tout le monde sera récompensé.
*
Ce
texte est une
oeuvre de
fiction. Toute ressemblance
avec des
personnages ou des faits
réels
serait donc
le fruit du hasard.
Ce texte
est ©
Marc Pautrel
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